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Hommage à Jimmy Glasberg

Jan 14, 2023 | 0 commentaires

Ce vendredi 13 janvier 2023, notre ami Jimmy Glasberg est parti dans les étoiles. 

Directeur de la photo, cameraman, artiste, poète, drôle, généreux sous sa casquette, cabochard, entêté, frondeur, indiscipliné nous pourrions dire plein de choses….

“Il est parti tôt ce matin filmer le paradis” nous écrit Catherine, sa femme. 

Nous avons tous en tête l’image filmée par Jimmy du machiniste polonais qui conduisait les trains des déportés dans Shoah, accroché sur un déport…

L’image, l’acte de filmer, c’était sa passion.

Mes années de tournages sont chargées de souvenirs avec lui. Nous nous sommes rencontrés pour tourner des images à Ryad en Arabie Saoudite dans les années 75, il y a donc presque 50 ans.. ! Ils démolissaient des immeubles jamais habités et ils en construisaient d’autres presque identiques à côté. Vides aussi…

Un autre épisode qui me vient à l’esprit, c’est ce tournage pour Iberia à Madrid. Nous étions couchés en bout de piste à l’aéroport pour filmer un décollage. Il se présente un avion et il décolle. Jimmy me dit “ça ne va pas du tout ils décollent à la moitié de la piste on est beaucoup trop loin. Bon ! Surement un vent très favorable…” Et nous décidons de s’installer plus avant. Et nous attendons. Un nouvel avion décolle et Jimmy se relève. “Pas intéressant” dit-il, “ils sont vraiment trop loin”. Le commercial d’Iberia présent dit : “avançons encore, il nous faut ce plan.” Je commence à être inquiet. Nous nous se mettons en place. Nous sommes presque au tiers de la piste j’ai l’impression. Je vois l’avion suivant se mettre en position en tête de piste et il me parait plus gros que les précédents. C’est un gros porteur. Il s’élance, s’élance et là je comprends…

Recroquevillés nous n’avons pas le temps de dégager la piste. Jimmy est collé derrière la caméra. Lorsque l’avion s’arrache du sol miraculeusement nous sentons fort le kérosène, le bruit est assourdissant, nous avons l’impression que les roues du 747 passent à moins d’un mètre de nos têtes et je vois clairement en muet le pilote qui nous injurie et qui nous traite de fous. Deux minutes après arrive une voiture de la sécurité et nous nous  prenons une bordée d’injures…. Jimmy me regarde en souriant le pouce levé. Nous avons le plan…

Hier Dominique Gentil qui a été son assistant m’évoquait lui une prise de vue au domicile d’Abel Gance. “Les lumières étaient prêtes, raconte-t-il et nous attendions des invités qui tardaient. Abel Gance très âgé somnolait dans son fauteuil. Nous étions préoccupés Jimmy et moi, dit Dominique, par cette attente qui n’en finissait pas. C’était Francis Ford Coppola qui devait venir et qui finalement ne viendra pas, à propos des droits du film Napoléon. Il participait à sa restauration. Alors Jimmy qui observait Abel Gance la tête inclinée, désespéré de ne pouvoir rien faire me dit tout à coup : Tant pis, on tourne sans lui ! Et d’une voix forte il dit : La caméra monsieur Gance ! la caméra ! regardez monsieur Gance ! Abel Gance ouvre un peu l’œil, regarde l’objectif et ébauche un sourire malicieux”. Ce fut la dernière image du célèbre réalisateur.

“Je suis un filmeur drogué” disait Jimmy. “Certains font leur jogging le matin, moi il faut que je tourne !”

Bon voyage ami !

Hommage écrit par Alain Coiffier.

Les obsèques auront lieu ce mercredi 18 janvier à 14h au cimetière de Menerbes dans le Luberon.

La CST vous partage l’article “Le point sur la caméra au poing de Jimmy Glasberg” paru dans la Lettre 104 de la CST.

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