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César & Techniques 2025 : Hommage à Pierre-William Glenn

Jan 14, 2025

Chaque année, l’Académie des César, Audiens et la FICAM récompensent les entreprises de la filière technique du cinéma en France pour leur contribution et leur innovation dans le secteur cinématographique.

Lors de cette édition, Angelo Cosimano, Président de la CST, a pris la parole pour un hommage très émouvant en l’honneur de Pierre-William Glenn qui nous a quitté le 23 septembre dernier.

Le célèbre Directeur de la Photographie, qui a marqué la Nouvelle Vague, a été Président de la CST de 2002 à 2018 puis son Président d’honneur.

Regardez le replay, diffusé avec l’accord de l’Académie des César.

La CST félicite les lauréats des César & Techniques 2025 :

    MPC (MIKROS) a remporté le Prix de l’innovation pour son outil open source pour automatiser le camera tracking.

      TSF Studios a remporté le Trophée César & Techniques pour TSF Backlot Rues de Paris, le plus grand backlot européen, offrant 2 hectares de décors des rues de Paris.

      La CST remercie l’Académie des César, la FICAM et Audiens pour la mise en valeur des industries techniques du cinéma.

      Hommage à Pierre-William Glenn

      En 1968, le premier film que Pierre William a éclairé s’appelait « Le cousin Jules ». Pour le passionné de folles courses motocyclistes qu’il était, il s’inscrivait déjà dans le paradoxe et la diversité car il s’agissait là de filmer le crépuscule de la vie d’un vieux maréchal-ferrant. Un crépuscule autour d’une forge et d’outils ancestraux maniés avec force et avec précision, très loin de tous les outils que Willy maniait déjà avec une étonnante dextérité. Dans un curieux effet miroir c’est bien tout son talent, tout son amour du geste parfait et de cette part de générosité qui fait de l’artisan le pourvoyeur des rêves d’autrui.  

      Après Dominique Benichetti, viendront René Gilson, André Techiné, Michel Mitrani, Marin Karmitz, Jacques Rivette, José Giovanni, Joel Santoni, Costa-Gavras, François Truffaut, Alain Corneau, Nadine Trintignant, Bertrand Tavernier, Yannick Bellon, Maurice Pialat, Gérard Pires, Jacques Bral, Yves Boisset, Pierre Granier-Deferre, Jean Claude Missiaen, Philippe Labro, Yves Rouffio, Roger Vadim, Robert Enrico, Michel Deville, Guillaume Nicloux, Claude Lelouch ou bien encore Joseph Losey, Georges Roy Hill ou Samuel Fuller.  

      La filmographie de Pierre William c’est bien l’histoire d’un demi-siècle du cinéma français. Je n’en connais pas de comparable par sa richesse et sa diversité. 

      D’où lui venait cette énergie, cette passion pour la Liberté, cette capacité à rechercher systématiquement la difficulté et ce gout certain pour une mise en danger parfois trop radicale ? 

      Une des explications est à deviner à travers cette photographie que l’Académie a accepté de mettre en illustration de cet hommage. 

      Ne voyez pas dans cette bannière étoilée une allusion à « La Nuit Américaine », le film qui contribua – entre autres – à la renommée du métier de Directeur de la Photographie. 

      Ou est-il  ? Et bien Willy est dans un cimetière, le cimetière ancien de Richmond, la capitale de l’état confédéré de Virginie. Ici reposent ses ancêtres paternels – les Glenn- dont un des amis proches s’appelait Edgar Allan Poe. A proximité, quelques tombes au nom de « Perkins », un homonyme de son grand-père maternel, un musicien de jazz dont les aïeux proches, à n’en pas douter, avaient connu l’esclavage et qui pendant la première guerre mondiale, fit battre le cœur de sa grand-mère du Nord de la France. 

      Imaginez ensuite le parcours familial jusqu’à Montreuil ou son voisin le plus proche lui inocula le virus de la cinématographie avant d’épouser sa sœur Annie. Il s’appelait Claude Miller.  

      Et que fait Willy sur cette photographie ? Et bien il nettoie ses chaussures car il vient avec l’aide de ses chers amis Kirkpatrick, de redresser les pierres tombales de ses ancêtres. Même si Willy se rêvait comme un Indien et adorait jouer les Cow Boys, c’est une leçon à retenir : un héritage cela ne refuse pas.  

      Gardons le sien précieusement, c’est-à-dire ce courage, cette énergie et cette audace qu’il résumait si bien avec son mantra quotidien : « on ne fait pas du cinéma avec des excuses » ! 

      N’en doutons pas, s’il en a désormais la possibilité, Pierre William est toujours au guidon de sa moto. Et personnellement je ne doute pas qu’il continue d’accélérer dans les virages.  

       

      Angelo COSIMANO 
      11 janvier 2025 

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