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Féminin plurielles : entretien avec Flavia Cordey, co-créatrice du collectif Ielles Son

Juil 19, 2024

La sororité dans le secteur du son existe, preuve en est avec le collectif Ielles Son qui prône la solidarité et la pédagogie.

Qui êtes-vous ?

Flavia Cordey : Je m’appelle Flavia Cordey, j’ai été formée à la Fémis dont je suis ressortie diplômée en 2018. Depuis, je travaille comme cheffe opératrice du son et je fais aussi du montage son. J’ai travaillé sur de nombreux courts-métrages et, depuis 2019, sur des séries, longs-métrages de fiction, documentaires et autres formats audiovisuels. Je fais aussi partie du conseil d’administration du Collectif 50/50 et j’ai fondé le collectif Ielles Son.

Comment le collectif Ielles Son est-il né ?

F. C. : Quand je suis sortie de la Fémis, nous étions en plein dans la vague #MeToo et j’ai été contactée pour travailler principalement avec des femmes et des personnes des minorités de genre sur des projets liés aux thématiques portées par ce mouvement.

Étant de plus en plus sollicitée, je me suis mise à rechercher des collègues avec un profil similaire au mien afin de pouvoir donner leurs contacts et qu’elles aient du travail. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte qu’il existait très peu de femmes et de personnes des minorités de genre ingénieures du son et que les compétences se situaient davantage au niveau du montage son ou, bien sûr, au niveau de l’assistanat. J’ai donc essayé, au début, de constituer une sorte de réseau, d’abord de manière informelle. C’est dans ce cadre-là que j’ai rencontré Valentine Gelin, cheffe opératrice du son, avec qui nous avons eu l’idée de monter un collectif sur le modèle de Femmes à la Caméra (cf. interview dans Lettre n° 181) dans le but déjà de se rencontrer entre nous et puis, pourquoi pas, conduire des actions plus politiques.

Quand le collectif a-t-il été créé ?

F. C. : Nous avons officialisé sa création le 4 juillet 2023. Nous avons tout d’abord rédigé un texte que nous avons envoyé à toutes les infrastructures et associations que nous connaissons, tels le Collectif 50/50, Femmes à la Caméra, l’AFSI, les syndicats de producteurs et productrices, les syndicats de professionnels, les écoles aussi…

Combien de personnes composent-elles votre collectif ?

F. C. : Nous avons commencé à deux, puis avons été rejointes par d’autres collègues au fil du temps. Aujourd’hui, l’adhésion au collectif passe par l’inscription à une liste de mails. Nous comptons exactement 61 membres, principalement des perchwomen et des secondes assistantes son. Nous avons toutefois du mal à rencontrer des cheffes opératrices du son. Et je ne parle même pas du nombre de personnes issues de minorités de genre dans nos métiers…

Quelles actions avez-vous déjà mises en place et aimeriez-vous mettre en place ?

F. C. : L’observatoire de l’égalité femmes-hommes du CNC annonçait 15,2 % de femmes dans les métiers techniques du son en 2021, et 11,1 % en 2022. Nous avons lancé une campagne de recensement pour essayer de comprendre un peu ce que représentent ces pourcentages. Nous ne disposons pas de suffisamment d’informations sur ce sujet et nous sommes persuadées qu’il est important d’avoir les données nécessaires pour appuyer notre propos. Les chiffres ont un vrai pouvoir. Évidemment, notre premier objectif est que ce nombre augmente, quoi qu’il en soit. Et bien sûr, les 15 % de différence de salaires entre les hommes et les femmes observées par cette même étude se réduisent.

Pour rendre notre collectif crédible, nous voulons nous appuyer sur une identité visuelle forte, c’est pour cela que nous avons lancé une campagne de financement participatif en vue de la création de notre futur logo. Cet argent permettra de rémunérer une graphiste. Nous nous appuyons beaucoup sur les réseaux sociaux pour suivre ces différentes campagnes. C’est pourquoi nous avons créé des comptes Facebook, Instagram afin de gagner en visibilité. Nous pensons que les réseaux sociaux sont très importants pour être visibles et audibles à l’heure actuelle.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien de Flavia Cordey recueilli par Ilan Ferry dans la Lettre n°187.

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