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CRITIQUE FLASH RIEN À FOUTRE – SEMAINE DE LA CRITIQUE
Rien à foutre de Emmanuel Marre et Julie Lecoustre propose de suivre Cassandre (Adèle Exarchopoulos…) dans ses pérégrinations d’hôtesse de l’air low cost. Le cadrage serré, presque du 4/3, piège son personnage et très vite on se rend compte qu’on ne peut suivre qu’elle, contrairement au cinemascope qui invite il n’y a ici pas de place pour d’autres visages dans le cadre. Il enferme, crée une vraie barrière, le hors-champ est négligé, nié.. et on se retrouve bien qu’avec Cassandre de manière quasi documentaire. Quelle mise en scène est possible dans un cadre si restrictif ? Après un démarrage difficile où le film se cherche et s’étire même en longueur dans des plans sans saveur, il trouve enfin son rythme, le personnage et le contextes sont posés, on a créé une réalité et c’est donc en mode documentaire que le film continue en faisant tout reposer sur les épaules d’Adèle, car Cassandre c’est elle et non l’inverse. Et la jeune actrice s’en sort à merveille et bizarrement le film fonctionne. Aussi pour la découverte “documentaire” du monde impitoyable de l’aérien low-cost. Un film très maladroit où l’on cherche encore le cinéma, mais qui arrive à retomber sur ses pattes !
Jean-Philippe Jacquemin
De l’ubérisation du travail à celui du désengagement individuel face au désordre social, RIEN À FOUTRE raconte cette double histoire de démobilisation personnelle face au cynisme d’une compagnie aérienne low- cost qui n’a rien à envier aux méthodes marketées des chaînes de fast food. Le film plus proche d’un documentaire que d’un récit fictionnel, nous propose une immersion dans la vie d’une jeune femme hôtesse de bord, dont la vie est formatée par l’acceptation des conditions de travail de la compagnie et la vacuité d’une vie qui se délite un peu plus à chaque escale. Adèle Exarchopoulos excelle dans sa façon d’incarner cette jeune femme désabusée masquant une sorte de désespoir existentiel derriere le fantasme de liberté que son métier est censé lui procurer. Néanmoins derrière l’ actrice, “front-woman” occupant chaque plan du film, la caméra ne nous propose pas grand chose d’autre à regarder qu’un diaporama déroulant des images dont on peut penser que les deux réalisateurs-trices Julie Lecoustre & Emmanuel Marre en ont également pas grand chose à foutre. Le film, cousin pas si lointain de La loi du marché de Stephane Brizé déroule une esthétique de “photo-roman” qui aurait pu être une option punk et savoureuse, mais comme pour cette scène où Adèle glisse sur son tapis roulant d’aéroport, fixant le vide qui l’entoure, les auteurs nous invitent implicitement au même regard dubitatif à l’égard de “Rien à foutre”. Un spécial bravo à la prestation d’Adèle qui par son talent tente de faire décoller l’équipage.
Gilles Gueillet
Bienvenu à bord de Rien à Foutre, où votre commandant de bord n’est autre qu’Adèle Exarchopoulos : Cassandre. Hôtesse de l’air low-cost, Cassandre est une jeune femme un peu perdue, perdue dans un boulot peu passionnant mais qui offre tout de même un avantage : celui de toujours voyager, rester sans attaches, et ne jamais jeter l’ancre. Peu enclin à l’amour ni aux autres en général, elle semble préférer la solitude, et sa vision de la vie se fait sans aucune projection dans l’avenir. Cet état d’esprit n’est pas totalement dû au hasard : Cassandre vient de perdre brutalement sa mère. L’histoire progresse très lentement vers un dénouement plutôt positif où Cassandre semble avoir franchi les 5 étapes du deuil et vouloir, finalement, aller de l’avant. Le film est en parti tourné en mode « Guérilla », et certainement très improvisé (au moins dans les dialogues). Il en ressort un vrai sentiment de réalisme. Adèle Exarchopoulos, qu’on sait tous être capable de tenir un film sur ses seules épaules, réitère ici l’exploit. Elle est au centre de toutes les images du film, et sa façon de jouer, si sincère, si authentique, nous fais aimer son personnage et se sentir proche d’elle tout le long de la narration. J’aime personnellement beaucoup l’exercice de style auquel cette production s’accroche : on y sent une caméra très libre dans ses mouvements, un film fabriqué au fur et à mesure de son tournage, libéré de (presque) toutes contraintes. Ce film, véritable « portrait / tranche de vie », m’a rappelé La Fille Seule de Benoît Jacquot. On y voit également une jeune femme dans sa vie professionnelle peu passionnante essayer de trouver une sortie de secours, un nouveau souffle à sa vie.
Robin Entreinger
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