Sujet aussi vaste que complexe, la question des espaces colorimétriques méritait bien une étude approfondie dont nous vous proposons ici la première partie.

Des menus de caméras aux réglages des logiciels de montage, compositing, étalonnage ou de mastering, les espaces colorimétriques sont partout. Invisibles pour le grand public, ils sont pourtant des paramètres essentiels pour tous les techniciens et créateurs d’image. Pourquoi ? Parce qu’ils garantissent la cohérence des couleurs, depuis la captation jusqu’à l’image finale.

Mais voilà, il existe une multitude d’espaces colorimétriques. Pour les experts en gestion des couleurs (color management), cette diversité est une richesse ; elle permet d’être très précis, d’adapter les workflows à chaque besoin. Mais pour les autres utilisateurs, cela peut vite devenir un bestiaire abscons, dont les explications sont souvent réductrices, ésotériques, voire parfois contradictoires. L’idée de cet article m’est donc venue à force d’échanger avec des techniciens sur ces subtilités.

Toutefois, avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble important de rappeler un point important : la colorimétrie moderne est une science complexe, dominée par la physique et les mathématiques. Cela fait près d’un siècle que de grands scientifiques comme Schrödinger, Maxwell, Von Helmholtz, Wright, Guild, Judd, MacAdam, Wyszecki, Stiles, Burch, Fairchild, Hunt, Pointer, Ottosson (et tellement d’autres) affinent nos modèles de compréhension de la couleur, héritage des premiers débats sur la nature de la lumière entre Newton et Huygens. Penser que l’on peut résumer ou expliquer toute cette complexité en un article serait illusoire.

Ce que je propose ici, c’est plutôt une lecture structurée et simplifiée de ces vastes univers, en regroupant les espaces colorimétriques par grandes familles selon leurs usages et fonctions. Pour ce faire, je vais malheureusement devoir user de raccourcis, parfois d’omissions et surtout ne pas rentrer dans les détails. Et pour commencer…

C’est quoi, une espace colorimétrique ? 

Un espace colorimétrique (ou color space en anglais) est une représentation des couleurs dans un espace à deux ou trois dimensions. Chaque couleur y est précisément définie par ses coordonnées spatiales (points de surface nulle dans un espace mathématique), à l’aide de valeurs numériques.

Ce type de définition très simple, que l’on peut retrouver dans beaucoup de livres ou sites spécialisés, peut néanmoins nous faire passer à côté d’un point fondamental : la couleur n’est pas une donnée absolue ou une caractéristique intrinsèque des objets. C’est un phénomène perceptif, c’est-à-dire qu’elle n’existe que dans un contexte particulier : celui de l’interaction entre la lumière et un observateur.

Que la lumière soit et la couleur fut …

L’intégralité de l’article écrit par Eric Chérioux dans La Lettre n°191, est accessible aux membres de la CST.