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Les Marchés de Films sont de retour… Mais est-ce que les clients viendront ?
Lorsque CinemaCon ouvrira ses portes au Caesar’s Palace la dernière semaine d’août, vingt-deux mois se seront écoulés depuis le ShowEast 2019 à Miami en octobre 2019. Vous savez ce qu’on dit, on attend un marché pendant vingt-deux mois et plusieurs arrivent en même temps. Et quand je dis plusieurs, je veux dire pas moins de neuf en l’espace de seize semaines.
Ça pourrait être un beau tour du monde : après CinemaCon, Kino Expo démarre à Saint Pétersbourg en Russie du 14 au 17 septembre, juste avant le congrès de la Fédération Nationale des Cinémas Français (FNCF) à Deauville qui se déroulera en France du 20 au 23 septembre. Vous pourrez rester en Europe pour CineEurope à Barcelone, qui est reporté du 4 au 7 octobre. L’Australian International Movie Convention se tiendra du 17 au 20 octobre tout de suite suivi du META Cinéma Forum à Dubaï, du 26 au 28 octobre. Ensuite, vous partirez à Miami pour ShowEast du 11 au 18 novembre puis vous continuerez directement vers le sud au Brésil pour ExpoCiné du 16 au 19 novembre avant de terminer la tournée à Singapour du 6 au 9 décembre pour CineAsia, qui tiendra sa première édition depuis deux ans.
La soirée d’ouverture du CinemaCon 2016 au Caesar’s Palace à Las Vegas.
Potter prévoit que d’ici l’automne, les cinémas seront ouverts à travers le monde avec des restrictions sociales minimales et ses clients exposants seront donc très occupés… tout comme CinemaNext. La mauvaise nouvelle – à laquelle nous faisions allusion plus tôt – « combiner les priorités professionnelles à domicile avec des déplacements vers tous les marchés sera un casse-tête pour tout le monde ». Il est parfaitement imaginable que le conflit d’agenda entre CineEurope et la sortie très attendue du James Bond sur beaucoup de marchés aura autant d’impact que les questions financières. « De l’autre côté », poursuit Potter, « c’est une belle opportunité aussi ; nous devons réfléchir à l’avenir de l’exploitation et l’évolution post-pandémie du secteur – on ne peut le faire qu’en partageant et en collaborant dans la créativité et l’innovation – les marchés sont le support idéal pour tout ça. »
Nous sommes au tout début de la reprise post-pandémie et Matthew Baizer, directeur d’exploitation de la chaîne Flix Brewhouse au Texas, croit que c’est le moment pour l’industrie de se rassembler. « Les marchés – avec quelques petits ajustements pour permettre un dialogue interactif – sont l’endroit idéal pour lancer une discussion constructive entre exploitants et distributeurs », annonce Baizer. « Jusqu’ici, seuls les grands exploitants ont été en pourparlers avec les studios et les exploitants moins importants n’avaient qu’à leur emboîter le pas. Puisque tout change, pourquoi les studios ne changeraient pas cette mentalité aussi pour avoir des discussions franches avec tous les exploitants ? » Il n’a pas tort. Il y a, ici, une réelle opportunité d’aborder les conversations délicates au sujet de notre secteur, qui ont été révélées par COVID, et comment faire avancer l’industrie du cinéma. En fait, on aurait l’impression d’avoir manqué le coche si on ne le faisait pas. Collins est d’accord, « Il faut peut-être moins de ‘mise en scène’ de la part des studios et davantage de conversations franches entre les vendeurs, les exploitants et les créateurs de contenus afin de trouver un meilleur modèle qui fonctionne pour l’avenir, et aider les exploitants de se faire une nouvelle place ».
Pour parler sans ambages, depuis le dernier marché, les films qui ne devaient pas sortir sur le petit écran n’ont fait que ça. On ne peut pas faire comme si les douze derniers mois n’avaient pas existé et nous devons travailler ensemble pour trouver la voie qui convient à toutes les parties. Moins de ‘mise en scène’ chez les studios pourrait rendre la semaine moins attrayante ou intéressante pour les représentants qui y vont uniquement pour cette raison, mais il faut aussi tenir compte des autres aspects aussi. Même si tout le monde voudrait reprendre comme avant, les choses ont évolué de manière définitive. On ne peut pas les ignorer. En fait, Baizer voudrait même confronter les grandes questions. « Quel meilleur moyen d’encourager la participation aux marchés que de développer un format pour faire le boulot qu’il faut pour que les exploitants et les distributeurs puissent avancer ensemble, en partenariat, de manière équitable ? » suggère-t-il, avant de fournir quelques éléments concrets de discussion. « Si nous devons faire affaires, il faut un cadre qui comprend une exclusivité limitée pour les exploitants, des prises plus courtes pour les studios, davantage de films en grande distribution, des règles sensées sur les projections consécutives qui n’exigent pas qu’on projette un film classé G à 22h30 et enfin, un arrangement financier sensé. Tous ces éléments sont de bons points de départ pour des discussions et il n’y a pas de meilleur endroit qu’un marché pour en parler. Évidemment, quel que soit le chemin que les exploitants prendront, les vendeurs suivront. »
L’année dernière était infernale pour les organisateurs des marchés, tout comme pour les exploitants, les vendeurs et les distributeurs. Aucun aspect de l’écosystème cinématographique ne s’en tire sans dommages et il y a une vraie pression pour faire en sorte que les marchés soient enfin une réussite. Tout le monde pense qu’il y aura une jauge maximum dans la salle principale, ce qui veut dire qu’il y aura moins d’accrédités (et moins de frais d’accréditation). Les studios et les distributeurs présenteront leurs contenus à l’écran à moins de spectateurs. Même si une des sociétés interrogées m’informe que les créneaux de projections seront au même prix que d’habitude.
Le problème pourrait donc devenir cyclique. Sans l’inscription des distributeurs, moins de représentants se déplaceront. S’il y a moins de représentants, les studios pourraient décider de ne pas présenter leurs produits (on a déjà vu Sony faire faux bond sur des présentations depuis quelques années). Néanmoins, celle-ci pourrait être l’année où tout le monde se rapproche dans l’intérêt commun et montre son soutien de toutes les manières possibles, l’avenir le dira.
Les défis auxquels font face les marchés cette année sont réels, mais nous avons également quelque chose qui joue en notre faveur. Après être restée fermée plus longtemps que n’importe qui aurait imaginé, notre industrie en ressort meurtrie mais pas brisée. Des choses ont changé et d’autres doivent l’être encore. Heureusement, nous avons l’occasion et la volonté de le faire collectivement. Personne ne s’est couché sans se battre (et heureusement, très peu sont restés sur le carreau). Il semblerait qu’il y ait consensus sur le fait que nous devons commencer avec les marchés, même si les conditions risquent de ne pas être optimales en 2021. Il existe, cependant, une volonté de soutien dans presque tout le secteur. « Nous ne voulons plus voir d’évènements sur Zoom, » explique Collins. « L’intention est bonne mais ça ne fonctionne pas vraiment ».
De plus en plus de personnes se rendent compte qu’il faut réinvestir dans le secteur : de l’innovation et des ressources. L’expérience cinéma a survécu contre toute attente et il est de notre devoir de le protéger pendant cent ans encore, au moins. Ça nécessitera une prise de risques et de travailler ensemble et vers la fin de cette année, on nous offre cette opportunité. Veillons à l’utiliser avec sagesse.
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