ACTUALITÉS

Mission Impossible à Cannes (Dolby Atmos)

Mai 10, 2025

© Photo : Ciné Digital

Votre mission, à supposer que vous l’acceptiez, consiste à équiper en Dolby Atmos le Grand Auditorium Louis-Lumière pour le Festival de Cannes. Composée d’un parterre et d’un balcon, la salle est extrêmement compliquée d’un point de vue acoustique et n’est pas un cinéma à l’année. Or, il faudra plonger les deux mille trois cents spectateurs dans un son immersif à l’aide de plus de cent vingt haut-parleurs d’ambiance, d’autant de canaux d’amplification et le moins de longueur de câbles possible. Afin de réaliser ce chantier dans un temps record, impossible d’utiliser des échafaudages. Pour accéder aux dix-huit mètres de hauteur sous plafond, il faudra y aller en rappel depuis le toit. Comme toujours, si vous ou l’un de vos agents étaient capturés ou tués, le Palais des Festivals nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Cette bande s’autodétruira dans cinq secondes. Bonne chance.

Voilà peu ou prou ce que les entreprises françaises et étrangères reçoivent en janvier 2024 sous la forme d’un appel d’offres pour un marché public lancé par la mairie de Cannes et le Palais des Festivals. « Équiper le Grand Auditorium Louis-Lumière en Dolby Atmos, nous raconte Christophe Arnould, le directeur des opérations du Palais, cela fait déjà une bonne dizaine d’années qu’on en parlait. La partie financière bloquait. La direction du Festival de Cannes, Thierry Frémaux et monsieur Desrousseaux se sont rapprochés de notre président, Jean-Michel Arnaud, et ont évoqué le fait que la salle du Grand Auditorium n’était pas équipée d’un son immersif et que d’autres lieux du Palais n’étaient pas au niveau esthétiquement parlant. Il y a donc eu une mise en commun des enjeux pour le Festival de Cannes et des besoins pour le Palais. Il y a eu une croisée des chemins et une fois que cela a été validé, c’est parti ! »

Grand Auditorium Louis-Lumière cherche Dolby Atmos désespérément

Christophe Arnould lance donc un premier marché, à l’hiver 2023 dans le but de choisir le maître d’œuvre. Il sait déjà que les travaux se feront sans annulation d’événement et qu’il faudra les faire pendant l’été, entre fermeture estivale et festivités en extérieur. Le volume du chantier, au sens premier en mètres cubes, ne permet pas de morceler les travaux. « Toutes les forces vives doivent être mobilisées pendant une période définie », pense Christophe Arnould. Il va concevoir le travail à faire comme on conçoit un tournage de film, planification à l’extrême, grosse période de préparation et inscription des imprévus. « Le fait d’avoir suffisamment préparé le chantier en amont a vraiment été le garant de son bon déroulement », pense rétrospectivement Christophe Arnould. Équiper le Grand Auditorium en Dolby Atmos pour l’édition du Festival de Cannes 2024 aurait pu être un objectif, mais c’est la patience et la sagesse qui guident la décision, avec Cannes 2025 dans le viseur. L’année 2023 servira à la préparation et au cadrage des travaux qui se tiendront en 2024. L’entreprise Le B.E. basée à Nice est retenue. « Nous n’étions pas dimensionnés pour être maître d’œuvre sur un tel projet, poursuit Christophe Arnould. Il en fallait un digne de ce nom et suffisamment disponible pour analyser les éléments fournis par Dolby et gérer la Garantie de Parfait Achèvement pendant un an. Tout le monde était à Cannes en mai 2023 et nous avons très vite associé au projet le Festival, Dolby et la CST afin d’éviter tout mauvais pas, que tout ce qui allait figurer dans la consultation soit validé par tous ».

© Photo : LE B.E.

Tous en scène

Le cahier des charges, c’est Nicolas Foubert qui se chargera de le rédiger. Gérant et associé du bureau d’étude Le B.E., il connaît bien le secteur tertiaire et industriel. Maître d’œuvre technique et environnement pour des équipements publics, il intervient depuis 2019 au Palais des Festivals qu’il nomme « le vaisseau spatial » et dont chaque mètre carré exploité en permanence n’a plus de secret pour lui. Missionné de la phase diagnostique jusqu’au parfait achèvement, Nicolas Foubert raconte : « Il y avait tout un travail de prise en compte des besoins à partir d’un projet ébauché par Dolby. Ils avaient fait des pré-études, le premier document que j’ai reçu était la version 8, c’était essentiellement des plans et des specs un peu générales en anglais dont le DARDT, une description littérale de l’intention de projet item par item. C’était essentiellement technique et il fallait retranscrire dans le but de trouver les solutions pour accrocher des enceintes à une vingtaine de mètres de hauteur, définir les emplacements des baies d’amplificateurs avec la création de locaux techniques périphériques à la salle de projection du fait du nombre d’enceintes et des longueurs de câbles qui allaient être déployées. Qui dit créer des locaux techniques dans un site comme le Palais dit trouver les bons placements, les climatiser – puisqu’on a une puissance d’amplis actifs assez importante – établir le cahier des charges de tout ça, consulter les entreprises, s’assurer de leurs compétences en vérifiant leurs références, leur imposer de faire appel à des cordistes. Nous avons répondu à l’offre en mars 2023. L’édition du Festival cette année, m’a permis de rencontrer un certain nombre d’interlocuteurs dont la CST et Jean-Baptiste Hennion, Dolby via Dominique Schmit et Chris Quested, ainsi que les régisseurs de la Semec pour le Palais ». Une fois le marché lancé fin janvier 2024, Nicolas Foubert entre dans une phase de consultation des entreprises, de visite sur site et d’analyse des offres. Une négociation commence avec Ciné Digital qui a répondu et une fois la proposition rentrée dans le budget défini initialement, l’opération est validée.

Les travaux, on sait quand ça commence…

Mi-avril, le chantier entre en phase d’exécution. L’opération se déploie sur plusieurs niveaux : approvisionnement, repérages et dernières mises au point. Approvisionnement, notamment de tout l’équipement des racks son qui sont montés et pré-câblés chez Ciné Digital Nantes. Repérages à la fois des passages de câbles, mais repérages aussi des chemins qu’emprunteront les cordistes et plan définitif pour les emplacements d’enceintes. Vivien Nourrisson, chargé du bureau d’études de Ciné Digital se souvient :

Contenu réservé aux membres de la CST

Vous devez disposer d’une adhésion à jour pour accéder à ce contenu.

Devenir membre

Déjà membre ? Connectez-vous ici

Dans ce dossier exclusif, en plus d’être immergé dans l’accomplissement de la mission, vous y retrouverez les entretiens avec celles et ceux qui l’ont rendue possible :

  • Jean-Michel Arnaud, président du Palais des Festivals et des Congrès
  • Hervé Baujard, directeur commercial cinéma de Dolby Laboratories pour la France
  • Aurélie Hayon, Senior Marketing & PR Manager pour Dolby France
  • Etienne Roux, président de Ciné Digital.

Pour accédez à l’intégralité du dossier rédigé par Mathieu Guetta et Ilan Ferry dans La Lettre n°190, vous devez être membre de la CST.

Articles récents