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Le pilotage numérique de la lumière sur les plateaux de cinéma
Depuis les années 2010, la LED a fini de s’implanter profondément sur les plateaux de cinéma en offrant une nouvelle ergonomie de travail. L’apparition, puis la normalisation de ces projecteurs en tournage ont précipité une transition majeure dans les métiers de la lumière. L’ergonomie de ces sources en fait un instrument indispensable.
Initialement pensée comme un outil pour compléter les usages en plateaux, la LED s’impose et s’adapte à toutes les géométries de projecteurs. Son efficacité lumineuse outrepasse les autres technologies de sources et permet d’imaginer des projecteurs sur batterie, tout en les miniaturisant. Son usage vient ainsi bouleverser les dynamiques et changer les pratiques. Mais surtout, le recours à des projecteurs LED demande de repenser des systèmes de pilotage de lumière adaptés aux tournages.
La finesse des réglages de la LED et l’introduction de la couleur par synthèse additive (par trichromie RVB, quadrichromie RVB + blanc ou plus) a changé le travail en tournage. Le dimage en tungstène entraînait forcément une dérive de température couleur et les gélatines n’offraient qu’un nuancier fixe. Les niveaux, les réglages de blanc et les couleurs gagnent donc en précision pour un ajustement quasi-instantané.
L’ajustement se fait désormais autrement : grâce au contrôle informatisé du projecteur, il n’est plus nécessaire d’encombrer le plateau avec un escabeau pour installer une gélatine. Cette liberté s’est ancrée dans les esprits et un retour en arrière semble impossible. Or, la surface de contrôle du projecteur n’est pas toujours accessible pour le configurer en observant son effet, tandis que les projecteurs et réglages se multiplient. Le contrôle des sources doit souvent se déporter et se centraliser pour l’ergonomie en plateau. Qu’il s’agisse d’un décor réel à éclairer ou d’un studio avec des projecteurs au grill, passer au pilotage numérique est bien souvent plus qu’un confort.
Ainsi, les consoles lumière issues du monde scénique trouvent une plus grande place sur les plateaux de tournage lorsque les fabricants de cinéma systématisent le recours à un protocole de communication numérique dans la fabrication des projecteurs cinéma : le DMX-512.
Il a donc fallu repenser les usages, car même si les projecteurs utilisés étaient compatibles, il n’y avait pas pour autant d’outils de pilotage spécifiques aux exigences des équipes de tournage. Sans réelle réponse industrielle à ces besoins naissants, les technicien·ne·s ont pioché des solutions dans d’autres milieux proches. Deux alternatives principales sont apparues.
D’une part les pupitres lumière poussés du spectacle vivant donnant une liberté presque totale de programmation. D’autre part, les solutions sur tablette créées pour l’occasion, comme Luminair, une application de pilotage DMX via un node externe, donnant le contrôle de réglages et effets basiques et inscrivant souvent son fonctionnement dans la flexibilité du sans fil.
Il devient alors presque évident de parler de révolution numérique en éclairage. L’ampleur de cette transformation est comparable à celle du tournant majeur vécu à la caméra avec le passage argentique-numérique. Et pour adapter ces technologies à l’écosystème d’un plateau, il est nécessaire de comprendre leur fonctionnement. Malgré les changements majeurs induits par la technologie, il semble bon de nuancer le propos : ce ne sont que des outils de plus dans ce besoin toujours présent de maîtrise de la lumière. Le cœur des métiers de la lumière en tournage reste le même. Électricien·ne·s, éclairagistes, pupitreur·se·s ou technicien·ne·s réseau, notre rôle sera toujours de mettre la lumière au service d’une histoire, de participer à créer du sens et des émotions.
D’une part les pupitres lumière poussés du spectacle vivant donnant une liberté presque totale de programmation. D’autre part, les solutions sur tablette créées pour l’occasion, comme Luminair, une application de pilotage DMX via un node externe, donnant le contrôle de réglages et effets basiques et inscrivant souvent son fonctionnement dans la flexibilité du sans fil.
Il devient alors presque évident de parler de révolution numérique en éclairage. L’ampleur de cette transformation est comparable à celle du tournant majeur vécu à la caméra avec le passage argentique-numérique. Et pour adapter ces technologies à l’écosystème d’un plateau, il est nécessaire de comprendre leur fonctionnement. Malgré les changements majeurs induits par la technologie, il semble bon de nuancer le propos : ce ne sont que des outils de plus dans ce besoin toujours présent de maîtrise de la lumière. Le cœur des métiers de la lumière en tournage reste le même. Électricien·ne·s, éclairagistes, pupitreur·se·s ou technicien·ne·s réseau, notre rôle sera toujours de mettre la lumière au service d’une histoire, de participer à créer du sens et des émotions.
C’est sur la base de ce constat que s’articule mon mémoire de fin d’études intitulé Le pilotage numérique de la lumière sur les plateaux de cinéma : nouveaux outils et nouvelles compétences, écrit sous la direction de Laurent Stehlin et Benoît Jolivet. A travers ce travail, il m’apparaissait nécessaire de faire un état des lieux des technologies et usages en place afin de situer cette révolution numérique, analyser les nouveaux outils et comprendre les dynamiques pour y adapter le fonctionnement des équipes. Dans une industrie en pleine effervescence technologique où l’arrivée d’outils utilisés jusque-là dans le spectacle vient radicalement changer les façons de travailler la lumière, le cinéma est devenu un melting pot des technologies de tous horizons qu’il s’agit d’assembler et de comprendre. Les outils du cinéma s’hybrident actuellement au croisement du monde scénique et des technologies numériques.
Néanmoins, l’industrie cinématographique ne peut pas se contenter de piocher des technologies dans des domaines voisins : il faut être en mesure de les adapter à nos usages et de proposer de nouveaux outils ergonomiques. En démocratisant les usages, les configurations mises en place pourront aussi gagner en simplicité. Mon mémoire s’accompagne donc aussi d’une recherche personnelle autour d’un outil de pilotage modulable et ergonomique adapté à ma pratique du plateau…
Dans la suite du dossier :
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De la scène au plateau
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Repenser la répartition des compétences
Retrouvez l’intégralité du dossier écrit par Anton Belyakov, Promotion 2023 Master Cinéma, ENS Louis-Lumière, dans la Lettre n°187.
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