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D’”Amélie Poulain” à “Simone”, rencontre avec le directeur des effets visuels Alain Carsoux, fondateur de la CGEV

Avr 20, 2023

Récompensé par un Génie d’honneur au Paris Images Digital Summit 2023, le directeur des effets visuels Alain Carsoux, à la tête de la Compagnie Générale des Effets Visuels, a collaboré avec des réalisateurs aussi différents que Guillaume Canet, Olivier Dahan ou encore Jean-Pierre Jeunet, dont il est le fidèle partenaire depuis les années 1990.

À l’affiche récemment avec Tempête, la série Les Combattantes, Astérix et l’Empire du Milieu ou encore Simone, il revient ici sur les différents moments de sa carrière et les spécificités de son métier, qu’il a vu drastiquement changer au cours de ces trente dernières années.

Ta carrière a démarré à la fin des années 1980, quand les effets visuels, en particulier pour le cinéma, débutaient en France. Comment t’es-tu retrouvé dans ce milieu ?
Alain Carsoux : Après des études dans le commercial qui ne m’intéressaient pas vraiment, j’ai rencontré Pitof par l’intermédiaire de mon frère. J’ai eu alors la possibilité de l’observer et de voir à quel point il était une sorte de génie qui ne lâchait jamais rien. Il faut bien se rappeler qu’on était au tout début des effets visuels. Il n’y avait pas de cursus pour faire ce genre de métier.

Je me suis rendu compte en l’observant que ce métier était beaucoup plus réel que le commercial. On touchait à l’image, à des ordinateurs, qu’il fallait parfois manipuler de l’intérieur. Quand ça ne marchait pas, on déplaçait des cartes, on les remettait, on ne comprenait pas trop ce qu’on faisait mais ça repartait, c’était assez marrant ! Au fur et à mesure, j’ai commencé à faire des copies, des petites tâches. Je me suis installé dans une salle des machines pour en comprendre le fonctionnement… À cette époque, Duran était un endroit totalement dément, où se déroulaient des rencontres incroyables, surtout en tant que jeune débutant, à un moment de la vie où l’on commence à se construire.

Après quelques mois, Pitof t’a proposé de devenir son assistant…
A.C. : Du jour au lendemain, ma vie a basculé ! C’en était fini du travail avec des horaires fixes. Je savais l’heure à laquelle je commençais, jamais l’heure de fin. Parfois Pitof rentrait chez lui, je restais et j’attendais les nouveaux clients. Le lendemain, à dix heures du matin, personne n’était censé savoir qu’on n’avait dormi qu’une heure ou deux. Et là, on avait face à nous des gens comme Mondino et Jean-Paul Goude… À côté des clips et des publicités, Duran faisait aussi des émissions comme L’Œil du cyclone pour Canal Plus. C’était complétement fou ce qui se passait là-bas, c’était vraiment des moments magiques.

Tu as donc appris le métier « sur le tas », peu à peu…
A. C. : Il n’y avait pas d’autre choix. Aucune école n’apprenait le fonctionnement du Harry, la machine sur laquelle j’ai appris à travailler. Le Harry possédait une puissance de calcul folle pour l’époque. De nos jours, le moindre téléphone contient plus de mémoire que cette machine, mais on arrivait malgré tout à faire des pubs, des clips, en particulier ceux de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro. Un jour, ils sont venus nous proposer de fabriquer quelques plans de Delicatessen (sorti en 1991), celui avec l’Australien, le couteau boomerang, et celui avec la mouche. On avait séparé l’image et donc le travail dessus en plusieurs parties pour avoir assez de définition en remettant tous les morceaux ensembles. J’ai fait des calculs, des calculs et encore des calculs et à la fin, on a sorti un plan… Économiquement, ça n’avait aucune réalité ! Mais ça nous a permis de nous lancer dans ce qu’on avait envie de faire : le cinéma.

Comment le virage vers le cinéma s’est-il passé ?
A. C. : La bascule s’est produite d’abord avec Delicatessen puis autour de La Cité des enfants perdus, tous deux réalisés par Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro. Pitof s’est lancé à corps perdu dans le cinéma et on l’a suivi. Sur La Cité des enfants perdus, chaque image prenait beaucoup de temps à calculer et il fallait trouver des solutions pour tout…

Retrouvez l’intégralité de l’entretien d’Alain Carnoux recueilli par Réjane Hamus-Vallée dans la Lettre n°183.

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