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Impossible n’est pas français : entretien avec les cascadeurs de John Wick 4

Juin 6, 2023

Pour John Wick 4, le réalisateur Chad Stahelski a fait appel à une équipe de cascadeurs français : « une équipe fantastique, la meilleure que j’ai jamais eue ». Avec ses cascades impressionnantes qui repoussent les limites du genre, ce blockbuster a propulsé sur le devant de la scène les cascadeurs français. Un tandem a fait le tour des médias : Laurent Demianoff, chorégraphe de combats et coordinateur de cascades, et Vincent Bouillon, doublure cascade de Keanu Reeves.

Rencontre avec Laurent Demianoff, chorégraphe et coordinateur de cascades

Laurent Demianoff a été initié très tôt aux arts martiaux par son père, Georges Demianoff, l’un des pionniers du kung-fu en France. Nourri par les films de Jackie Chan, il devient cascadeur puis chorégraphe et régleur de cascades. Il a travaillé sur les films de Luc Besson, Oliver Megaton, et des productions étrangères comme Colombiana d’Olivier Megaton, Mission Impossible Fallout de Christopher McQuarrie, la série Jack Ryan, Murder Mystery 2 de Jeremy Galerick. En 2019, pour le film Taxi 5 de Franck Gastambide, il remporte avec David Julienne le Taurus World Stunt Award dans la catégorie « Best Action in Foreign Film ». Le tournage de John Wick 4 a commencé en juillet 2021 aux Studios de Babelsberg, à Berlin, puis à Paris en octobre. Il s’est terminé en Jordanie en novembre, après 18 semaines de tournage intensif, principalement de nuit.

Comment avez-vous été amené à travailler sur ce tournage ?

Laurent Demianoff : Chad Stahelski me contacte directement un an avant le tournage, suite à des recommandations de professionnels. Il souhaite faire appel à des Français pour respecter une authenticité. Le tournage se déroule à Berlin et Paris (Osaka est filmé en studio à Babelsberg). La pratique des arts martiaux est importante pour lui et je maîtrise les arts martiaux japonais, chinois, le MMA, la boxe. Je constitue une équipe de six cascadeurs, tous ceintures noires dans différents arts martiaux, puis l’équipe s’étoffe jusqu’à une cinquantaine de personnes. Nous préparons les cascades en visioconférence avec Los Angeles. On rejoint l’équipe américaine qui arrive à Berlin en mars 2021. L’équipe est internationale, avec des cascadeurs américains, allemands, japonais et français, et leurs chorégraphes. Je prends en charge le réglage de cascades spécifiques.

Comment travaille-t-on avec Chad Stahelski, cascadeur, réalisateur seconde équipe pour les cascades, puis réalisateur de la saga John Wick ?

L. D. : Chad a un haut niveau d’exigence élevé. Avec sa société 87 Eleven Action Design, il a créé une des meilleures équipes dans le monde de la cascade. Il privilégie les cascades en réel, en utilisant les SFX uniquement à bon escient. Il filme en plan large et en plan séquence. Il n’est pas démonstratif et ne montre pas sa satisfaction. C’est un moyen pour lui de faire monter le niveau d’exigence, de mettre la pression pour que tout le monde donne le meilleur de lui-même. Mais ce n’est pas un mauvais stress. Même si le travail du coordinateur consiste à minimiser la prise de risque, le danger est toujours là. Face à un cascadeur sans stress, je vais me demander : a-t-il appréhendé tous les risques ? Il faut toujours rester conscient du danger….

Retrouvez l’intégralité de l’entretien ainsi que celui avec Vincent Bouillon, doublure cascade de Keanu Reeves, dans la Lettre n°184.
Propos recueillis par Sabine Chevrier.

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