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Critique Nos Cérémonies, Simon Rieth – Semaine de la critique

23 Mai 2022

Premier film de Simon Rieth, et seul film français en sélection, Nos Cérémonies bouscule nos habitudes pour nous proposer une histoire très originale, brutale et inoubliable. Pourtant, le fond est ultra-classique : deux frères retrouvent leur amie d’enfance dont ils étaient (et sont toujours) amoureux, et une jalousie extrême va naître entre eux lorsqu’elle finit par choisir l’un d’entre eux. L’ingrédient qui rend le film si original, c’est qu’un secret de type « paranormal » existe entre les deux frères et font qu’ils ne peuvent pas vraiment se séparer : l’un a besoin de l’autre pour vivre. Ils s’aiment éperdument. C’est ce qui rend leur conflit romantique d’autant plus violent.

Le film est extrêmement brutal, parfois choquant. Pourtant, l’ambiance est globalement féérique, poétique. On enchaîne des beaux plans séquences longue focale aux mouvements très lents avec des scènes d’une violence froide. Mais cette brutalité n’existe que dans l’image : jamais Simon Rieth n’a décidé de tourner en caméra portée avec effets « shaky cam ». Même les scènes les plus dures du film sont tournées en plan fixe ou plan séquence avec une dynamique “calme “. La couleur du film est à la limite de la saturation, et les images paraissent ainsi toutes surréelles. C’est évidemment un écho avec le côté fantastique du film.

Le travail sur la musique et le sound design est assez remarquable. Les ambiances sonores très lourdes s’intègrent parfaitement dans ce film qui ne se veut pas particulièrement réaliste, et tendent à créer des atmosphères très tendues.

Nos Cérémonies est en tout point un film de contraste. Le contraste entre la réalité et l’imaginaire. Le contraste entre l’extrême violence et la tranquillité de la mise en scène. Le contraste entre les couleurs irréelles et le propos incroyablement sombre.

Je n’ai pas été touché par l’interprétation masculine, ni réellement sensible au film en lui-même. Mais Nos Cérémonies sort du lot par son originalité et sa réalisation. Un film finalement de genre, à découvrir pour voir « autre chose » et pourquoi pas s’en émerveiller, si l’on en supporte la violence et la brutalité omniprésente.

Robin Entreinger

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