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Les différents outils d’accessibilité en salle
Panthéa – Lunettes AR Epson
Suite aux annonces de Madame la Ministre de la culture le 16 novembre 2021 lors de la matinée “Les uns et les autres” consacrée à l’inclusion, le CNC a mis en place un observatoire de l’accessibilité.
Le CNC soutient depuis 2013 la réalisation de sous-titres pour sourds et malentendants et d’audiodescription pour aveugles et malvoyants. Il s’agit même, depuis 2020, d’une obligation pour tout film d’initiative française qui souhaite obtenir l’agrément de production. A ce jour, plus de 4 000 films sont ainsi accessibles aux publics atteints de handicaps sensoriels, tous genres et tous types confondus. Au-delà, le CNC soutient les investissements favorisant l’accessibilité des salles de cinéma. A ce jour, ce sont plus de 75 % des cinémas qui sont accessibles aux personnes à mobilité réduite et aux usagers en fauteuil roulant.
L’observatoire de l’accessibilité réunit la puissance publique, les organisations professionnelles et les associations qui interviennent en matière de handicap et a pour vocation d’évaluer l’impact des initiatives menées et d’étudier de nouveaux leviers d’action.
Dans le cadre de cet observatoire, un recensement des différentes solutions d’accessibilité disponibles ou prochainement disponibles sur le marché a été effectué par le CNC et la CST.
Contexte en quelques chiffres :
En France, chaque année, près d’un millier de nouveau-nés (0,25%) sont affectés de surdité. Le nombre de cas ne cesse ensuite de progresser avec l’âge, la surdité touchant 6% des 15–24 ans, 9% des 25–34 ans, 18% des 35–44 ans et plus de 65% des plus de 65 ans.
En ce qui concerne les aveugles et malvoyants, on compte 300 000 personnes aveugles et 1 700 000 personnes malvoyantes. Il ne faut pas oublier également que 8 % des enfants sont dyslexiques et 7 % de la population est « mal-lisante ».
Au total, 6 millions de personnes sont concernées de façon plus ou moins forte par un handicap sensoriel.
L’association Inclusive, dont fait partie la CST, a fait passer un sondage auprès d’associations de personnes sourdes, malentendantes, aveugles et malvoyantes et a obtenu des réponses intéressantes concernant leurs envies de cinéma. Tout d’abord, nous traitons un échantillon relativement restreint mais pour lequel on compte environ 20% de spectateurs assidus (au moins une fois par semaine), 40% de spectateurs réguliers (une fois par mois) et 40% de spectateurs occasionnels (une fois par an ou moins).
Cet échantillon se rapproche des habitudes de consommation de la population générale (assidus 19%, réguliers 48% et occasionnels 33% en juin 2023 selon les chiffres du CNC). Les occasionnels en situation de handicap qui ont répondu au sondage sont pourtant cinéphiles (c’est probablement un biais de la passation du sondage, auquel les cinéphiles ont répondu) puisque 100% déclarent regarder des films chez eux. 80% des occasionnels se déclarent sensibles aux dispositifs d’accessibilité en salle de cinéma (audiodescription, sous-titrage destiné au sourds et malentendants, boucle magnétique, rencontres traduites en LSF ou avec vélotypie…), mais 100% sont insatisfaits des informations à leur disposition pour accéder aux salles de cinéma.
Outre les enjeux déjà bien connus des exploitants que les usagers en situation de handicap ne souhaitent pas être discriminés dans leur choix de séance et souhaitent y accéder avec l’accompagnant de leur choix, il y a donc un véritable progrès à accomplir dans la qualité de l’information à destination de ce public et la diffusion de meilleurs outils de médiation. Dans leur travail de recensement, le CNC et la CST ont identifié 15 solutions. N’hésitez pas à nous informer d’outils ou solutions non référencés !
Pour aller plus loin, prochainement dans vos salles ?
La recherche en termes d’outils d’accessibilité est loin d’être aboutie. A fins de prospectives, les deux pistes suivantes méritent notre attention.
Les expérimentations de lunettes de réalité augmentée
Depuis 2011 et la sortie des premières Google Glass, plusieurs sociétés travaillent sur des lunettes de réalité augmentée et le sous-titrage en salle de cinéma en serait une application intéressante.
Les lunettes AR (augmented reality) disposent d’une mini-caméra embarquée et d’un dispositif permettant de projeter une image directement sur les verres des lunettes. Dans le cas de l’application dans une salle de cinéma, la caméra est utilisée pour repérer l’écran de projection et les sous-titres issus de la piste CCAP du DCP (pour autant qu’elle soit présente) sont projetés, sur le verre des lunettes et dans le plan optique de l’écran. Il en résulterait un confort de vision augmenté par rapport aux smartphones ou tablettes (inutile de porter un appareil à la main, les sous-titres restent fixes malgré les mouvements de la tête…)
Plusieurs sociétés ont emboîté le pas du Google Glass Entreprise : Sony annonce poursuivre des recherches depuis 1996, Microsoft développe Hololens puis Hololens2, Lenovo avec les ThinkReality A3 ou encore Vuzix avec les Blade upgraded et Magic Leap.
Cependant, le coût des appareils (à partir de 800-1000$) ne semble pas encore compatible avec une utilisation dans l’entertainment grand public et les sociétés explorent davantage les applications industrielles.
Google Glass Entreprise
Magic Leap
Dans le domaine de la culture, cependant, la société Panthéa a mené une expérimentation réussie au Festival d’Avignon en 2015 avec des lunettes AR Epson. Cette expérimentation visait explicitement le public sourd et malentendant en permettant d’incruster les sous-titres directement dans les lunettes. La société se développe et des partenariats avec des nouveaux lieux (Toronto, Turin, Villeneuve d’Ascq, Arras) sont noués. Par exemple, l’Opéra de Lille a, dans le cadre du plan de relance, pu faire l’acquisition de lunettes Panthéa pour son public sourd et malentendant. Les lunettes ont été utilisées sur le spectacle Falstaff en mai 2023 et seront disponibles pour Don Giovanni, Stabat Mater et La Chauve Souris durant la saison prochaine. Les lunettes connectées permettent de projeter les surtitres multilingues (français, anglais, néerlandais, ukrainien), en français adapté, en gros caractères et traductions en langue des signes française.
Sous-titrage automatique en LSF – Projet ROSETTA
L’objectif du projet est de permettre l’accès à des contenus audiovisuels à des personnes sourdes et malentendantes à travers une représentation LSF animée par un avatar, ou à travers des sous-titres automatiques adaptés. Le projet, labellisé par Cap Digital et soutenu par Bpifrance, réunissait les sociétés Systran (traduction automatique), France.tv access (intégration du player), Mocaplab (capture de mouvements), et les laboratoires LIMSI, LUTIN. Le projet s’est déroulé de juin 2018 à novembre 2023.
L’automatisation de la traduction en LSF permet de traiter des très grands volumes de données pour lesquels il est trop coûteux d’engager un interprète (la météo, par exemple) ou de gagner du temps dans la transmission d’informations urgentes (flash infos…). La traduction en LSF pour les œuvres audiovisuelles est particulièrement critique pour les enfants sourds (avant 9-10 ans), dont la vitesse de lecture n’est pas suffisamment élevée pour pouvoir lire des sous-titres.
Se former à l’inclusion de tous les publics
En ces temps de reconquêtes des publics, il est plus que crucial de pouvoir élargir son accueil à l’ensemble des publics et de pouvoir accueillir les publics dans les meilleures conditions. Pour cette raison, la CST et Inclusive ont développé quatre modules de formation permettant de comprendre comment favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap en salle de cinéma en suivant leur parcours spectatoriel : de l’envie de cinéma (communication, accès à l’information, programmation) à leur arrivée en salle (accueil, médiation, technique).
- Module 1 – TECHNIQUE / Comment améliorer le confort en salle des personnes en situation de handicap par la technique ?
- Module 2 – PROGRAMMATION / Comment programmer des séances inclusives, construire un évenementiel accessible et adapter les films et leurs matériels de promotion ?
- Module 3 – COMMUNICATION / Comment rendre la communication print et digitale plus accessible ?
- Module 4 – ACCUEIL ET MÉDIATION / Comment accueillir les spectateurs en situation de handicap visible ou invisible et favoriser l’échange en salle entre tous les publics ?
Les quatre modules dédiés aux différents postes concernés par ce parcours répondent aux besoins concrets des stagiaires, afin de mettre en place ou d’optimiser un premier palier vers un cinéma accessible à tous. Les stagiaires peuvent s’inscrire à tous les modules ou choisir un ou plusieurs modules séparément.
Les premières sessions de formation ont eu lieu entre le 17 et le 21 juillet et ont permis de réunir des professionnels de l’exploitation et de la distribution. De nouvelles sont prévues dès 2023.
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